#Auteur: Catherine¤ THIAUDIÈRE
#Qualités: Juriste à l’étude SAS Benjamin Dauchez Caroline Deneuville et René Dallée, Notaires à Paris
Ce dossier est dédié à l’étude des outils juridiques et fiscaux à la disposition des philanthropes, que leur projet emprunte la voie d’un simple don à un organisme sans but lucratif, ou s’inscrive dans une réflexion patrimoniale globale. Certains outils sont bien connus, mais de nouvelles problématiques apparaissent, comme la crypto-philanthropie. D’autres outils, moins connus, méritent pourtant l’attention, comme le « don sur succession ». Ce dossier apporte non seulement des éléments théoriques mais également des exemples et conseils pratiques permettant d’orienter au mieux le professionnel consulté pour accompagner un projet philanthropique.
1. Contexte - Malgré les crises sanitaire et économique des dernières années qui ont renforcé les inégalités au sein de la population française, la générosité des particuliers et entreprises a connu une hausse exceptionnelle des sommes données de + 7.1 %1 entre 2019 et 2020, pour atteindre 2.85 milliards d’euros. Le nombre de foyers fiscaux donateurs est également en hausse pour la première fois depuis l’année 2013. Cette tendance a été confirmée en 2021 avec une hausse des sommes données de + 4,5 % par rapport à 2020 (hors dons réalisés dans le cadre des urgences sanitaires et climatiques)2, rappelant ainsi la place de la philanthropie dans le contrat social français.
2. Si la générosité des Français fait l’objet d’un traitement fiscal incitatif encadré par le législateur, elle peut également faire l’objet d’une réflexion patrimoniale globale afin de permettre la meilleure utilisation possible du soutien financier apporté à la cause choisie.
3. Plan du dossier - Les deux premiers articles du dossier s’intéressent aux voies offertes aux personnes souhaitant réaliser un projet philanthropique de leur vivant : d’abord les dons réguliers réalisés du vivant des bienfaiteurs personnes physiques ou mécènes, puis le véhicule philanthropique adapté au projet du bienfaiteur. En effet, il n’est pas toujours évident de se repérer dans l’éventail des structures et des outils juridiques et fiscaux disponibles pour mener à bien un projet d’intérêt général. Nous étudierons notamment le régime juridique et fiscal ainsi que les opportunités offertes par les fondations abritées, fonds de dotation, la fondation d’entreprise ainsi que les associations et fondations reconnues d’utilité publiques.
4. P récision sur le p érimètre du dossier - Nous ne traiterons ici que de l’hypothèse dans laquelle le donateur est domicilié en France au sens de l’article 4 B du CGI, comme l’exige l’article 200 du CGI relatif à la réduction d’impôt sur le revenu au titre au titre dons réalisés par les particuliers. Pour les non-résidents qui souhaitent soutenir des OSBL français, il existe des initiatives privées permettant la réalisation de dons transnationaux, tels que le réseau Transnational Giving Europe (TGE) qui permet aux donateurs, personnes morales ou physiques, résidant dans l'un des 21 pays participants, de soutenir financièrement des associations ou fondations à but non lucratif dans d'autres États membres, tout en bénéficiant directement des avantages fiscaux prévus par la législation de leur pays de résidence5.